Dans une bande dessinée les personnages doivent avoir une contenance. Ce qui m’intéresse ici, c’est ce que l’auteur lui donne à faire de ses mains. La plupart du temps, c’est l’action qui décide de leur position. Mais lorsque le personnage n’a rien à faire de ses mains (pas d’objet à tenir), qu’est-ce que le dessinateur peut bien lui donner comme posture ? Hergé (et quelques autres) ont développé un tic que je nomme pour l’occasion le tic du doigt pointé.
Pour prendre des exemples, j’ai arbitrairement choisi Le Crabe aux pinces d’or, édition en couleur (1943, ©Casterman/Moulinsart)
On distingue différents types de doigts pointés.
Il y a le doigt pointé logique : le personnage indique une direction.
Un lieu (mais deux fois dans la même case c’est un peu abusé.)
Un peu moins logique, il voit un truc et montre du doigt la direction du truc qu’il voit. Comme pour l’indiquer au lecteur.
Ou il s’indique lui-même où il va (en parlant tout seul.)
Il y a aussi le doigt incriminant, celui qui est pointé vers le méchant quand le personnage lui pose une question. Ci-dessous une belle démonstration d’un combo de 3 cases pour 4 doigts pointés.
Ou le Méchant qui menace le gentil.
Le doigt levé vers le haut, donneur de leçon.
Le doigt sur la bouche pour indiquer le silence.
Quand il réfléchit, Tintin pointe aussi son doigt sur sa bouche.
Un autre qu’on retrouve quelques fois, et qui n’est pas très poli : le personnage parle et à un doigt pointé vers son interlocuteur alors que rien ne justifie ce doigt pointé.
Même bourré Tintin pointe son doigt !
Mais le problème principal d’un dessinateur, c’est qu’il incarne tous ses personnages et qu’il peut leur donner le même tic. J’ai essayé de recenser les doigts pointés. J’ai exclu les cas litigieux, par exemple une main tendu dont l’index est mis en avant ou un papier tenu où l’index est mis en avant. Ne compte pas non plus, le doigt pointé hors-champ :Voici la liste des personnages et leur nombre de doigts pointés :
Tintin : 45
Haddock : 15
Les Dupondt : 14
La concierge : 1
Alan : 4
Marin méchant 1 : 1
Marin méchant 2 : 1
Marin méchant 3 : 1
Le lieutenant : 1
L’inconnu dans la voiture : 1
Commerçant : 1
Employé d’Omar Ben Salad : 1
Omar Ben Salad : 1
Policier 1 : 1
Policier 2 : 1
Marin : 1
Il est a noter que ceux qui n’ont qu’un seul doigt pointé à leur actif n’apparaissent que très furtivement (parfois même une seule fois.)
Ce qui fait un total de 90 doigts pointés pour 693 cases et 62 pages. Cet album est donc composé à 12,9% de doigts pointés.
Dans cet album Tintin apparaît dans 431 cases. Il est donc composé à 10,4% de doigts tendus.
En fait, c’est Harrison Ford qui aurait dû jouer Tintin au cinéma :

Elric Dufau est né en 1983 à Perpignan. Il y suit ses études supérieures aux Beaux-Arts. Il décroche le diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP) en 2008.
Sa passion première reste cependant la bande dessinée : tout juste diplômé, il s’y plonge à plein temps en dessinant l’album Marche ou rêve pour les éditions Dargaud. Il collabore régulièrement aux projets collectifs de ses amis des éditions Onapratut et fait de la musique au sein du groupe Disorder.
Il a été accueilli deux fois en résidence à la Maison des auteurs d’Angoulême, de 2011 à 2013, puis en 2015 avec Alain François. De 2016 à 2019 il développe une série animalière jeunesse : Witchazel (éditions Kramiek) co-scénarisée avec François Darnaudet.
En parallèle, et depuis 2011, iI enseigne la bande dessinée au CESAN (Paris, XIe).
En décembre 2015, il fonde le site de bande dessinée marsam.graphics avec Alain François et Golo. Dans le cadre du projet Marsam ils organisent des expositions et publient une revue de BD.
Toujours à la recherche de nouveauté, il reprend ses études en 2016/2017 à l’EESI d’Angoulême, en Master 2 Littérature comparée spécialité bande dessinée. Un cursus pendant lequel il étudie le manga de 1923 : Shōchan no Bōken, jusque là jamais étudié en occident. Il écrit des articles théoriques sur la bande dessinée, notamment pour les Cahiers de la BD.
Il collabore aussi régulièrement avec le groupe de musique The Limiñanas.Accueilli une première fois en résidence à la Maison des auteurs d’Angoulême pour le projet Harpignies de 2011 à 2013, il y est revenu en 2015 pour réaliser le projet M’ana avec Alain François. Depuis 2016 il développe une série animalière jeunesse : Witchazel (éditions Kramiek) co-scénarisée avec François Darnaudet.
En parallèle, et depuis 2011, iI enseigne la bande dessinée au CESAN (Paris, XIe).
En décembre 2015, il fonde le site de bande dessinée marsam.graphics avec Alain François et Golo. Dans le cadre du projet Marsam ils organisent des expositions et publient une revue de BD.
Toujours à la recherche de nouveauté, il reprend ses études en 2016/2017 à l’EESI d’Angoulême, en Master 2 Littérature comparée spécialité bande dessinée. Un cursus pendant lequel il étudie le manga de 1923 : Shōchan no Bōken, jusque là jamais étudié en occident. Il écrit des articles théoriques sur la bande dessinée, notamment pour les Cahiers de la BD.
Il collabore régulièrement avec le groupe de musique The Limiñanas.