Cette planche de Roedel est extraite du Courrier Français du 26 mars 1893. 14 ans avant les Demoiselles d’Avignon, les peintres de formation classique sont perturbés par les évolutions de l’Art. Pourtant, Roedel, Willette et consorts, peintres frustrés obligés de gagner leur vie en dessinant pour les journaux, étaient eux-mêmes en rupture avec les tenants de la tradition picturale. Mais ils n’adhéreront pas plus aux propositions des impressionnistes, pointillistes, cloisonnistes, nabis et suivants dont ils se moquent allègrement. Et toujours chez Roedel, le prétexte à dessiner des filles nues à une époque où un jupon entraperçu est pornographique…

Eugène Jérôme Auguste Roedel ( né à Paris, 5 février 1859 – mort le 13 avril 1900) est un illustrateur, affichiste, caricaturiste, aquarelliste et lithographe français, qui signe ses travaux « Roedel ». Pour ce qui nous intéresse ici, il a réalisé pour « Le Courrier Français » des planches narratives sans case, parfois chroniques dessinées, parfois simples gags qui pour la forme, évoquent formellement la BD de presse moderne et pour le ton, représente le début de la BD « adulte ». Notamment, Il dessine pour « Le Courrier Français » une série sur la vie du peintre à l’atelier avec ses modèles. Sujet qui est à l’évidence un simple prétexte pour dessiner un maximum de femmes nues, conformément à la ligne générale de ce journal.