[source de l’article : bonobo.net/pigmentation-dun-discours-amoureux]
« Pigmentation d’un discours amoureux » est le titre d’un livre de Mai Li Bernard. C’est un petit livre blanc paru discrètement en octobre 2014 et qui aurait pu s’intituler « petit précis d’incommunicabilité ».
C’est un recueil de planches de bande dessinée mettant en scène des situations de la vie amoureuse. Bien, sauf que les malheureux protagonistes, déjà coincés dans la situation la plus riche en malentendus, n’ont à leur disposition pour dialoguer qu’un nombre très limité de gommettes de couleur !
La vie n’est pas toujours simple !
Pourtant, malgré la rigueur du parti pris, les situations s’enchainent et nous ricanons des déboires communs de ces personnages communs. Même si, parfois, le rire vire au jaune grinçant…
Voilà pour ce qui est de la lecture anecdotique du livre de Mai Li Bernard. Car il y en a une autre possible, celle du jeu sémantique proposé, qui demande, et c’est rare, un certain effort. Car plutôt que parler de « lecture » à proprement dite, ce livre oblige à un décodage des situations et des dialogues. La lecture, par ce codage coloré, est ralentie jusqu’à la compréhension et l’apprentissage du système, et finit par provoquer une sorte de stimulation intellectuelle proche du décryptage des rébus.
Ce décodage se produit par affinité des situations avec ses expériences ou références fictionnelles. On comprend alors une réalité : le langage n’est pas le code, mais l’intégration du code. Le langage comme phénomène apparait donc lorsque le code assimilé ne se décode plus, mais se lit. Ce qui est l’une des particularités de la bande dessinée.
C’est ainsi à la fois un véritable précis amoureux, malin, malicieux même, mais qui s’amuse en écho des caractéristiques complexes du médium BD. Deux niveaux de lecture, donc, sur le sujet premier des malentendus amoureux, et sur le métasujet de la plasticité d’un médium étonnant.
“Pigmentation d’un discours amoureux” sur le site des éditions dédales
Mai Li Bernard sur Romantic iPhone
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Alain François est né en 1965. Plasticien (DNSEP obtenu à l’EESI en1992), il va se consacrer une dizaine d’années à la peinture et aux micro-publications avant de passer quinze ans dans la communication institutionnelle. Parallèlement à cette carrière très sérieuse, il écrit. En particulier un blog intimiste, dont les années 2006 et 2007 ont été éditées aux éditions publie.net en 2011.
De 1999 à 2006, il va fonder et animer plusieurs sites internet collectifs, tels que bonobo.net (galerie en ligne), leportillon.com (collectif d’artistes), bonobocomix.com, un éphémère journal de Web-BD, mais aussi créer les premiers sites des éditions ego comme x et de l’An 2.
En 2006, il reprend ses études universitaires et obtient un Master recherche Arts numériques. Depuis, il publie des articles scientifiques dans le cadre du Laboratoire d’Histoire visuelle contemporaine de l’EHESS et scénarise deux projets de bande dessinée avec Elric Dufau et Marine Blandin.
En novembre 2012, Il commence un journal photographique en ligne, projet d’art social au long cours exclusivement réalisé avec un smartphone, qui constitue au fil du temps l’album de la communauté des auteurs de bande dessinée à Angoulême.